La culpabilité de se reposer (et comment la déjouer)

Par Josée Boudreault et LP Rivard

Il y a quelques semaines, avec l’aide de LP, je vous ai proposé un texte sur le besoin de ralentir durant les vacances.  À quel point c’est difficile, parce qu’on est toujours en mode tâches.  Quand on ralentit, on a l’impression que quelque chose n’avance pas.

Vous avez été plusieurs à me dire : « Oui, mais quand je prends du temps pour moi, je me sens COUPABLE. »  …Ah, la culpabilité! Ce thème revenait sans cesse.Cette culpabilité fait que lorsqu’on se repose, on ne se repose pas vraiment.

On peut être en train de relaxer au soleil, lire un roman, prendre une longue marche.  On semble en mode repos, mais ce que les gens ne voient pas, c’est que dans notre tête : on vide le lave-vaisselle, on arrache les mauvaises herbes, on planifie les repas pour la semaine.

Notre corps est tranquille, mais notre tête fait la liste sans fin des choses qu’on devrait faire.  Et moi aussi je suis comme ça.Je me donne une pause et, bang, mini-angoisse : “Je devrais faire autre chose là…”Mon chum me regarde me lever et il sait : « Ah non, pas encore un projet! »

Mais d’où ça vient, cette fameuse culpabilité?

Les psychologues disent qu’on a été programmés culturellement à penser que notre valeur dépend de ce qu’on accomplit.La chercheuse Brené Brown explique qu’on confond souvent valeur personnelle et productivité. Comme si ne rien faire, c’était être paresseux.Ajoutez à ça la charge mentale: même quand on ne fait rien, on pense à tout ce qui reste à faire. Et ça, c’est épuisant.

Résultat : on se sent coupable juste d’exister sans “avancer”.

Mais il y a des moyens de désamorcer cette petite voix.  Dans mes livres je parle souvent de se parler comme si on était notre meilleure amie.   Pensez-y, vous voyez votre meilleure amie qui prend du temps pour elle, allez-vous lui dire : « Ah que t’es paresseuse? » Non!   Alors pourquoi se le dire à soi-même?

UN PETIT TRUC POUR SE SENTIR MOINS COUPABLE QUAND ON PREND DU TEMPS POUR SOI!

En faisant un peu de recherche j’ai trouvé un truc que j’adore et que je commence à intégrer dans ma routine.  Essayez le pour voir.

Mettez vos petites pauses, siestes, moments pour vous sur la to-do list! 

Mettez vos temps de relaxation dans l’agenda : « rechargez mes batteries en prenant un café dans la cour. »   « Vider ma tête pour être plus efficace ensuite en faisant 30 min de vélo. »  « Prendre un bain avec mon magazine préféré pour chasser le stress. »

Vous allez voir, ça change votre perception des moments de pause.  Puisque c’est dans la liste de choses à faire entre Nettoyer la litière et Prendre rendez-vous pour les pneus d’hiver ça va sembler une tâche à accomplir, et votre cerveau va l’accepter plus facilement, comme si ça faisait avancer votre journée.

J’appelle ça être un peu « crosseur » avec son cerveau. Haha. Et oui, parfois, il faut lui tendre des petits pièges pour mieux vivre.

Les chercheurs expliquent que notre cerveau aime les tâches claires et “justifiées”. Quand vous dites : “je relaxe”, il panique un peu parce que ça n’entre pas dans sa logique de productivité. Mais si vous écrivez dans votre agenda “15 minutes lecture dehors” ou “pause café au soleil”, là, ça devient une mission accomplie. Et votre mental est rassuré : “ok, c’était prévu, je ne perds pas mon temps.”

Quand on note repos comme une tâche, on ferme la boucle psychologique. On ne se sent plus coupable, parce qu’on a “fait ce qu’on devait”.

Nir Eyal (auteur de Indistractable) parle beaucoup de “timeboxing” : bloquer du temps dans son agenda pour ses activités, même relaxantes. Ça réduit la culpabilité parce que chaque moment a déjà “une raison d’être”.

Si c’est écrit dans l’agenda, on l’accepte mieux.  Donc vous êtes toujours en mode tâches? Cessez de le combattre et faites une tâche de vos moments de détente. Ajoutez celle-ci à votre liste : Ne rien faire 25 minutes. Et pour une fois, sentez-vous fiers de la cocher. »